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T'étais donc ouvrier baletier ?
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Ben oui... Ça t'la coupe, hein ?
J'étais au début de la chaîne. Je fabriquais des
"trognons" en assemblant un manche, des "calos" et
du sorgho. Payé à la pièce, j'allais vite. Une dextérité hors
norme me permettait d'abattre ma semaine en 4 jours et demi.
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Jamel, jeune Tunisien
ensorceleur, avait le même travail que moi. Nous faisions la course.
Pour ensuite aller batifoler dans les colzas et les tournesols de la plaine du Rhône... Ai-je vraiment vécu tout cela ?
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Tu regrettes ?
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Non. J'étais encore jeune.
L'ambiance familiale d'une petite entreprise facilitait les choses.
J'étais un "cas", un sorte d'aristo égaré dans les
travaux manuels...
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Une liberté relative, la
confiance absolue des patrons, aucune astreinte horaire (hormis celle
que je m'infligeais nécessairement) m'ont permis d'entrer
parallèlement comme pigiste au Provençal (devenu La Provence).
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Je prenais aussi de l'avance,
dans mon travail. Je faisais de la réserve qui me laissait le temps de voyager dans le monde
avec mon pote Michel (voir page).
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Puis j'ai quitté les balais
(1988), suis devenu employé administratif à l'ANPE de Bollène, où j'étais aux premières loges pour observer les cas
désespérés du pauvre mec, pudiquement nommé "demandeur
d'emploi", alias "chômeur longue durée", trimbalé de
stages bidon en sous-jobs temporaires...
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Bref, un dur boulot loin d'être
surpayé, un emploi parallèle dans la presse (qui arrondit
aujourd'hui encore ma mimi-retraite), une fin de carrière en dents de
scie à l'ANPE m'ont rendu sensible aux problèmes liés au
gagne-pain.
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Les choses ne se sont guère
arrangées depuis. Pour Meszigues, le 1er mai, c'est plus qu'une effluve
douceâtre auréolant des clochettes blanches... Je ne participe pas
aux défilés contestataires (j'ai pas le look) mais je comprends
!
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