Entre la galette des Rois et les crêpes de la
chandeleur, j'observe comme un vent frais venu de l'Empire du Milieu. Ce jeudi
3 février correspond au Nouvel An chinois. Là-bas,
on sort de l'année du Tigre pour entrer dans celle du Lapin. Mais
j'entends vous parler de Dragons.
Précisément, il en sera question
lors l'assemblée générale du Comité des fêtes qui est imminente (vendredi 4 février
à 18h30 à l'espace culturel).
A l'ordre du jour, entre autres, figurera la 40ème Fête du Drac et son... - ou
plutôt des SES Dragons. L'ami Roland Riché nous en a concocté plusieurs, plus ou moins articulés, pour suppléer la raideur
de celui
que d'aucuns nomment (à juste titre) le Vieux Dragon. N'a-t-il pas
fait son temps ?
C'est un gros lézard
ankylosé
de 15 mètres de long, constitué d'un seul bloc. La tête et la queue
sont d'une solidarité désespérante. Elles avancent, s'arrêtent,
redémarrent en même temps, sans que rien ne vienne ébranler cette
rigidité que, seuls, des yeux rouges clignotants et des jets de
fumigène tentent d'animer ! Tandis qu'en
Chine...
Ondulations lascives
A Pékin (j'y suis allé), les
Dragons ondulent, se tortillent, sautent, se mordent la queue si
telle est leur fantaisie. Ils sont légers, souples, lascifs et mus par
des bras vigoureux qui se prennent au jeu. La mise en oeuvre d'une telle
chimère ne semble pas insurmontable.
Au seuil du Nouvel An chinois,
donc, à quatre mois de la Fête du Drac, je me prends (et je ne suis
pas le seul) à rêver
d'un de ces Dragons-là.
Il doit falloir pas mal de tissu
coloré, tendu et véhiculé sur des arceaux fixés sur des mâts. A
raison d'une dizaine de porteurs espacés de 2 mètres, on obtiendrait
une chimère de 20 mètres de long, mouvante, ensorceleuse à souhait !
Un pièce de musée
Doit-on pour autant sacrifier ce
cher Vieux Dragon ? Pour éviter un doublon, une sortie honorable
pourrait en faire une énorme pièce de musée, immobile, tirée à
quatre épingles et exhibée en bordure du défilé.
J'entends déjà ses sbires
(membres du Sporting) crier à l'imposture ! Effectivement, on ne
supplante pas aisément quatre décennies de loyaux services (un peu
"raides" tout de même) avec une hérésie venue de
Chine.
C'est là qu'interviennent aussi
les traditionalistes, peu enclins à substituer au monstre issu du
Rhône un fantasme surgi du Yangzi Jiang,
jadis Fleuve Bleu, le plus long d'Asie (6 300 km) ! Nous leur
rétorquons que, pour la 30ème édition (10 ans déjà !), le Dragon
rocker motorisé de Naphtaline était d'un anachronisme autrement
gonflé qui a marqué les esprits.
La 40ème mériterait bien un
écart, une audace, du jamais vu à Mondragon, non ? Mais qui
m'écoutera ? Je rêve... Ici encore, je soliloque, tout seul dans mon
coin. Je pourvois davantage à la série "Monologues" qu'au
programme du Comité fêtes.
Dommage... A moins qu'une équipe
bénévole ne s'attelle à l'extravagance chinoise et ne la soumette au
Comité ? Faut voir...